Cette présentation explore le concept du pouvoir lorsqu'il est impliqué dans les processus de fabrication – ou « craft » (Anderson 2004) – des images audiovisuelles. Plus spécifiquement, elle présente une réflexion autour des concepts de la participation, la collaboration, les perceptions visuelles ainsi que les formes de représentations dont on se sert dans notre époque contemporaine. Elle se base sur une étude rétrospective d'un projet filmique que j'ai réalisé en Inde en 2006 (« Nila Illam ») et sur l'analyse des deux films documentaires Indiens réalisés par Ruchir Joshi et Ranjan Palit entre la fin des années 80 et le début des années 90 (« Bombay our City » et « Eleven Miles »).

A travers ces trois projets, je montre que d'un point de vue méthodologique les films centrés sur la notion d'éthique du pouvoir sont parfois impossibles à réaliser selon la tradition conventionnelle anthropologique des pratiques du film documentaire/ethnographique. Cette tradition enferme la fabrication des projets audiovisuels dans des relations bilatérales entre le sujet filmant et les sujets filmés ou entre le film et le spectateur.

En contraste, je propose de penser la fabrication des images comme un processus tripartite, entre le réalisateur, le sujet-filmé et le spectateur, dans lequel le réalisateur joue le rôle de médiateur. Je montrerai que cette approche présente des possibilités de création filmique plus « réflexives » autour des questions du pouvoir, permet l'émergence d'un dialogue avec les nouvelles formes des représentations audiovisuelles et favorise des dialogues collaboratifs avec d'autres disciplines d'art documentaire.