Je propose de travailler à partir d'une quinzaine d'œuvres occidentales, issues de la littérature, du cinéma ou de l'audiovisuel et pour leur majorité le fait d'auteurs anglais, américains ou français, et relevant de l'anti-utopie, de la science-fiction, et de la politique fiction, bien que les frontières entre les genres ne soient pas toujours très marquées.

Je montrerai que ce qui les relie, c'est un univers imaginaire partagé, qui se retrouve sous la bannière commune de l'image, au point que l'on pourrait presque parler de familles visuelles.

Dans ces œuvres dystopiques faisant référence (de façon plus ou moins implicite) à des régimes autoritaires/totalitaires, la structuration, l'administration et le contrôle des territoires prennent différents aspects (de l'architecture à la gestion des flux humains) que je propose de détailler. Ils renvoient également aux dimensions symboliques du pouvoir, afin d'impressionner les esprits et les représentations que s'en font les habitants. Car il ne s'agit pas seulement de contrôler et quadriller l'intégralité de l'espace ; il s'agit également de contrôler l'intégralité (ou presque) de la société. Et ce contrôle s'exerce de différentes manières sur les individus - ce que je propose également de détailler.

Ces œuvres deviennent ainsi un catalyseur de la culture contemporaine et un analyseur du social. Leur particularité consiste en des renvois et échos endogènes incessants et ce, notamment au niveau des représentations visuelles, selon un processus constant d'autoréférentialité qui contribue à un enrichissement réciproque. Se dégage un stock commun de représentations, puisant lui-même dans un vivier d'images et de références culturelles, artistiques, symboliques, multiples. Il réfère à nos obsessions les plus enfouies, profondément reliées à l'idée de mort et d'angoisse. 

Les œuvres de notre corpus :

Par ordre chronologique : Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution (Godard, 1965), THX 1138 (Lucas, 1971), Brazil (Gilliam, 1985), Bienvenue à Gattaca (Niccol, 1997), The Truman Show (Weir, 1998), Matrix (Wachowski, 1999), Minority Report (Spielberg, 2002), Equilibrium (Wimmer, 2002), Aeon Flux (Kusama, 2005), The Island (Bay, 2005). Nous y avons ajouté la série télévisée britannique devenue culte : Le Prisonnier (McGoohan, 1967). Quatre œuvres littéraires entrent également dans notre corpus : deux romans qui nous semblaient incontournables : 1984, de George Orwell (1948) et Fahrenheit 451 de Ray Bradbury (1953), et deux œuvres plus mineures : une nouvelle de William Tenn, Votre Tout Puissant Serviteur (1955) et le roman Globalia de Jean-Christophe Rufin (2004).