Filmer le pouvoir ou les pouvoirs, c'est filmer une relation en face à face de deux ou plusieurs personnes, groupes, etc. Ou bien ce peut être filmer l'action d'une personne ou d'une institution absentes physiquement mais présente à travers les comportements qu'elle induit chez d'autres personnes (par exemple l'adhésion, la soumission les résistances ou l'opposition). Les acteurs vivent cette relation de pouvoir ou en parlent. Ainsi, filmer le(s) pouvoir(s) c'est filmer cette relation que l'on peut aussi saisir par les termes de domination, de subordination ou d'opposition plus ou moins exprimées :
- pour parfois la découvrir et parvenir à la mettre à nu,
- pour la décrire,
- pour chercher/analyser et donc montrer ou suggérer les fondements de l'emprise, mais aussi le déséquilibre et le rééquilibre dans une relation de pouvoir qui rend possible sa pérennité,
- pour faire réfléchir le spectateur sur les voies à ouvrir (ou déjà ouvertes mais peu fréquentées) la faire évoluer.
Le documentaire sociologique est au cœur de cette démarche. Mais les relations de pouvoir ne sont pas toujours visibles : elles sont difficiles à filmer en raison du caractère éphémère de leur apparition tangible. Ces instants sont rares. Le recours à l'entretien filmé (ou à la fiction pour d'autres cinéastes) ne rapporte pas seulement des témoignages ou des commentaires réflexifs sur les rapports de pouvoir (ici l'écrit-papier suffirait) : en faisant revivre mentalement ces rapports de pouvoir à la personne interrogée, l'entretien filmé peut révéler une certaine acceptation, parfois la résignation, mais aussi la capacité à faire front, à construire une protection qui est aussi une forme de résistance.
L'entretien filmé met en évidence l'ensemble des caractéristiques non-verbales (la pragmatique au sens d'action dans et autour du discours textuel) qui participent à l'entretien ou aux relations sociales filmées. Le sociologue-cinéaste doit donc être attentif (en particulier au montage) à tout ce que disent les images/sons à travers la gestuelle, le paraître des vêtements, les rictus et les mouvements des yeux, du visage, les intonations, les silences, etc. (sans compter l'environnement du personnage filmé si c'est bien le sien).
Cette démarche du sociologue-cinéaste sera analysée à partir de la projection d'extraits de deux films réalisés par les auteurs où il sera plutôt question de relations de pouvoir à partir de différences culturelles (différences de classe, différences ethniques) dans l'entreprise et dans la ville.
| Type : | : | oral |
| Thématiques | : | Axe 1. Les figures du pouvoir |
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